Mon enfant a des difficultés pour lire : est-ce une dyslexie ?

C’est quoi la dyslexie ?

Quels sont les signes d’une dyslexie ?

Quand s’inquiéter et à quel âge ?

Qui consulter pour le diagnostic ?

Et que faire si mon enfant est diagnostiqué dyslexique ?

Portrait et histoire des DYSLEXIES

 

Identité : Trouble spécifique des apprentissages avec déficit en lecture

Nom actuel : Trouble Spécifique du Langage Ecrit

Origine du nom : « Dys » = fonctionnement anormal et « lexie » = lecture

Nombre : Présentes chez 3 à 5% d’enfants vers l’âge de 10 ans (1/4 des enfants avec difficultés de lecture) selon le rapport de l’INSERM de 2007

Préférence : Les dyslexies sont plus attirées par le cerveau des garçons

Particularités : Désignent un dysfonctionnement dans le cerveau qui est :

  • Durable : présent tout au long de la vie

  • Persistant : résiste aux aides pédagogiques depuis au moins 6 mois et impacte significativement les apprentissages

  • Spécifique : qui est à l’origine des difficultés - qui concerne la « reconnaissance rapide et précise des mots écrits »

Famille : Appartient à la famille des « troubles neurodéveloppementaux » appelés communément « troubles dys » : ce sont des troubles spécifiques dans le cerveau qui impactent le développement de certaines compétences comme :

  • la lecture (dyslexie)

  • l’orthographe (dysorthographie/trouble spécifique de l’apprentissage de l’orthographe)

  • Le calcul (dyscalculie).

  • La forme et le geste de l’écriture (dysgraphie)

  • Le langage oral (dysphasie).

  • L’exécution et de la coordination des gestes (dyspraxie)

  • L’attention (trouble déficitaire de l’attention/hyperactivité - TDA-H)

Cohabitation : L’association de plusieurs troubles dans le cerveau d’une même personne est fréquente :

  • La dyslexie et la dysorthographie sont souvent liées : plus de 90% des enfants dyslexiques seraient aussi dysorthographiques

  • Entre 40 et 60% des enfants dyscalculiques seraient également dyslexiques. A l’inverse, 20 et 40% des enfants dyslexiques souffriraient aussi de dyscalculie.

  • Plus de la moitié des enfants dyslexiques ont souffert de troubles du langage oral durant leur enfance

  • 25 à 40% des enfants dyslexiques présenteraient un déficit de l’attention.

Ces cohabitations de troubles rendent l’évaluation et la pose de diagnostic de « trouble spécifique »  complexes. Il faut donc se méfier des diagnostics posés « à la va vite » et sans une évaluation et un suivi spécifique.

 

Ses origines : D’où viennent les dyslexies ?

 

De nombreux chercheurs discutent encore de l’origine de la dyslexie.

La plupart s’accordent sur une origine génétique, c’est-à-dire dans nos gènes. Il y aurait donc un caractère héréditaire. Les dyslexies se transmettraient de génération en génération. On estime à hauteur à 50% la transmission chez l’enfant d’un parent dyslexique et 75% si les deux parents ont des dyslexies. Enfin, on évalue la probabilité à  20 à 30% si un des frères ou sœurs le sont sans parents dyslexiques (LAUNAY,L.2018. Du DSM-5 au diagnostic orthophonique : élaboration d’un arbre décisionnel. Rééducation orthophonique, 273.Ortho Edition, Isbergues).

 

La dyslexie serait présente dès la naissance dans le cerveau : on nait avec une dyslexie.

Elle entraine un fonctionnement particulier de certaines zones du cerveau responsables de l’apprentissage de la lecture.

Plusieurs images du cerveau (IRM) montrent que lorsque des personnes dyslexiques lisent, elles utilisent des parties du cerveau différentes de celles des personnes non dyslexiques. Les difficultés en lecture seraient dues à ces dysfonctionnements dans les parties du cerveau qui traitent les mots écrits.  Le cerveau aurait du mal à interpréter les sons et les images.

La dyslexie ne « s’attrape » donc pas comme une maladie, et n’apparait pas non plus à cause d’une « mauvaise » méthode de lecture, d’une surdité ou d’une déficience intellectuelle.

 

La dyslexie n’est pas une maladie et n’a rien à voir avec l’intelligence.

La dyslexie n’est pas due à :

  • Un manque d’intelligence

  • Un problème de vision ou d’audition

  • Un manque de maitrise de la langue parlé

  • Un manque d’effort de la part de l’enfant (bien au contraire !)

 

Comment se manifestent les dyslexies ?

 

Les premières difficultés liées à la dyslexie commencent généralement dès les débuts de l’apprentissage de la lecture mais elles peuvent aussi apparaître plus tard. En effet, l’enfant peut mettre en place naturellement des moyens de compensation et avoir un environnement suffisamment porteur pour tenir quelques années jusqu’au jour où la dyslexie fait son apparition.

Principale difficulté pour les lecteurs : reconnaître de façon rapide et précise les mots. Pourtant, leur vue et leurs oreilles sont intactes ! C’est le cerveau qui peine à interpréter ce qu’il voit et ce qu’il entend, il n’est pas vraiment sûr de lui.

Difficultés observées :

  • Identifier les lettres et les convertir en sons

  • Identifier les mots inconnus ou peu fréquents

  • Manipuler les sons : décomposer un mot en syllabes, en sons, enlever de tête le 1er son d’un mot …

  • Reconnaitre un mot visuellement

  • Distinguer des mots qui se ressemblent

  • Identifier les mots irréguliers qui ne se lisent pas comme ils se prononcent (exemple : monsieur, femme)

Conséquences :

  • Déchiffrage laborieux

  • Lecture imprécise avec des erreurs (confusions, inversions, transformations des mots... )

  • Vitesse de lecture : lenteur 

  • Difficultés de compréhension

  • Efforts intenses et surcharge attentionnelle

  • Fatigue importante

  • Difficultés de mémorisation

  • Troubles du comportement : faible estime de soi, anxiété, dépression, faible intérêt ou dégoût pour la scolarité, opposition, agressivité réactionnelle

  • Impact significatif sur les apprentissages liés à la lecture : résultats et performances scolaires déviants du niveau attendu

 

Quand s’inquiéter ?

 

Les erreurs font parties de tous les apprentissages, elles sont nécessaires pour progresser. Tous les lecteurs débutants font des erreurs de lecture.

 

Ce qui doit alerter ce sont les difficultés qui perdurent parce que les dyslexies sont persévérantes !

Si des aménagements pédagogiques ont été mis en place à l’école pour votre enfant et que malgré cela, les difficultés de lecture résistent pendant au moins 6 mois avec un impact significatif sur ses performances scolaires, un avis médical est recommandé. Pensez à consulter votre médecin traitant ou le médecin scolaire qui prescrira les bilans adaptés.

 

Pourquoi poser un diagnostic ?

 

Les dangers de la dyslexie : le cercle vicieux de l’apprentissage

 

Quel risque si une dyslexie n’est pas repérée ?

  • Difficultés en lecture -> reproches  -> stigmatisation  ->  perte de confiance -> dévalorisation -> démotivation -> désintérêt pour la lecture voire l’école en général  -> manque d’entrainement -> peu de progrès en lecture -> accès limité à de nouvelles connaissances -> échec scolaire

 

Les dyslexies sont responsables de difficultés en lecture

Un lecteur qui n’a pas conscience de l’existence de la dyslexie dans son cerveau va croire qu’il est responsable de ces difficultés. Il va se demander pourquoi c’est si difficile pour lui par rapport aux autres et il va douter de ses capacités. Il pensera que c’est sa faute !  Il va perdre confiance en lui, se décourager, se renfermer et finira par se désintéresser de la lecture.

 

Pourquoi se faire tant de mal ?

De l’extérieur, on pourrait vraiment croire qu’il le fait exprès, qu’il est de mauvaise volonté et ne fait aucun effort… Et pourtant ! Ces enfants avec une dyslexie fournissent beaucoup plus d’efforts qu’un enfant qui n’aurait pas ce type de difficulté.

 

Tout ça ensemble peut entrainer des conflits entre l’enfant, l’école et sa famille

C’est la fameuse spirale de l’échec scolaire et d’une profonde blessure psychologique…

 

D’où l’importance de détecter la dyslexie le plus tôt possible !

Détecter les signes de dylexie

 

Repérer les signes d’alerte et agir précocement permet de valoriser les compétences de l’enfant et de mettre en place des aides adaptées.

Reconnaitre l’existence d’une dyslexie est nécessaire pour :

  • Donner une explication aux difficultés

  • Déculpabiliser l’enfant : il n’est pas responsable des difficultés

  • Accepter ses limites

  • Le maintien de l'estime de soi et le renforcement des compétences psychosociales ;

  • Une meilleure compréhension des difficultés de la part de son entourage familial et scolaire

  • Eviter l’entrée dans le cercle vicieux de l’échec scolaire

  • Mettre en place un projet pédagogique et médical personnalisé

  • Développer des stratégies de compensation

 

ATTENTION : le diagnostic n’est pas le pronostic !

Si un enfant est diagnostiqué porteur d’une dyslexie, l’évolution est tout à fait possible et des moyens de compensation lui permettront d’avancer normalement.

 

Qui consulter ? Les spécialistes des dyslexies

 

En France, seuls les médecins et les orthophonistes ont la compétence pour établir un diagnostic de trouble spécifique d’apprentissage de la lecture.

L’orthophoniste évalue toutes les composantes de la lecture et met en évidence les compétences et difficultés de l’enfant. Il propose si besoin une prise en charge adaptée et personnalisée avec des objectifs à court, moyen et long terme.

Avant de poser un diagnostic, des bilans complémentaires peuvent être suggérés ainsi qu’une intervention ciblée et progressive à l’école si cela n’a pas été proposée.

Le diagnostic d’un trouble « spécifique » de la lecture est complexe. Il sous-entend que la dyslexie est la seule cause des difficultés de lecture. Or, nous l’avons vu, certains troubles peuvent cohabiter et impacter eux aussi sur la lecture comme un trouble de l’attention ou un trouble du langage oral.

Attention, certains enfants peuvent présenter des difficultés en lecture sans pour autant avoir de trouble

La dyslexie n’est pas responsable de toutes les difficultés de lecture. Il peut s’agir de difficultés psychologiques, d’un retard intellectuel, d’un environnement peu stimulant, de difficultés visuelles, d’une pédagogie inadaptée ou encore d’une non maitrise de la langue scolaire.

 

Evolution : comment évoluent les dyslexies ?

 

Evolution : comment évoluent les dyslexies ?

Certaines dyslexies progresseront plus vite que d’autre. Le DSM-5 propose des stades de « gravité » allant du stade léger (pour les dyslexies plus discrètes) au stade grave (dyslexies plus présentes dans les apprentissages malgré un ensemble d’aménagements adaptés à l’école, à la maison ou au travail).

 

Les enfants avec une dyslexie ne présentent pas tous les mêmes troubles, les dyslexies sont uniques !

L’évolution du trouble est variable et dépend de nombreux facteurs comme :

  • La sévérité du trouble dyslexique

  • L’éventuelle cohabitation avec d’autres troubles

  • Le développement spontané par l’enfant de stratégies de compensation

  • La réponse aux accompagnements adaptés et aménagements pédagogiques

  • De la précocité du diagnostic et des prises en charges thérapeutiques mises en place

  • Du suivi des soins engagés

  • De l’environnement et de la qualité du soutien familial

 

Dylexie un jour, dyslexie toujours ?

 

Les dyslexies sont fidèles et ne quittent pas leur domicile. Un enfant évolue donc avec sa dyslexie tout au long de sa vie.

Toutefois, les dyslexies sont capables de générer des mécanismes de compensation pour que le cerveau puisse détourner les difficultés et arriver au niveau attendu. Elles empruntent leur propre chemin pour acquérir des compétences et savoirs totalement compensés !

 

Les dyslexies permettent au cerveau de créer de nouvelles routes

Avec des aides adaptées, un bon soutien et de bonnes ressources cognitives (bon vocabulaire par exemple), les enfants dyslexiques évoluent et deviennent de plus en plus performants.

 

Comment aider un lecteur porteur d'une dyslexie ?

 

Chaque dyslexie est unique comme le lecteur qui l’héberge.

Les aides sociales, médicales ou scolaires sont personnalisées à l’enfant et réajustées en fonction de l’évolution de l’enfant. L’importance est que l’aide commence le plus tôt possible et qu’elle soit soutenue à la maison pour augmenter les chances de réussite scolaire.

Voici quelques conseils de Logopouce pour la maison à adapter à votre enfant :

  • Soulignez ses qualités et ses réussites plutôt que de vous focaliser sur ses difficultés et ses échecs. Il est le principal impacté et il en est conscient. Pour lui, c’est un combat quotidien. Montrez-lui qu’il n’est pas seul !

  • Expliquez-lui que ce n’est pas de sa faute. Vous êtes là pour lui et vous formez une équipe

  • Entretenez le plaisir de lire pour ne pas rentrer dans le cercle vicieux de la démotivation et du désintérêt. Servez-vous de ses passions, de ses intérêts pour le ramener progressivement vers la lecture

  • Laissez-lui la possibilité d’écouter les consignes à l’oral

  • Partagez les lectures pour les soulager de temps à temps : lisez à sa place

  • Continuez de lui lire des histoires ou servez-vous des livres audios : grâce à l’écoute d’histoires, il pourra accéder à de nouvelles connaissances et à du vocabulaire nouveau nécessaires pour les apprentissages

  • Soyez présent pendant les devoirs : une présence rassurante diminue cette impression de solitude face à ses difficultés

  • Découpez les devoirs et alternez les moments de lecture

  • Surveillez et discuter autour du vécu général de votre enfant (à la maison, à l’école, avec ses amis)

 

Logopouce souhaite répondre à tous les parents qui se posent des questions sur le langage de leur enfant. N'hésitez pas à nous solliciter si vous souhaitez que Logopouce aborde d'autres thématiques.