Apprendre à lire plus vite : comment aider mon enfant ?

Cet article a été rédigé en lien avec la vidéo Logopouce  « vis ma vie d’enfant : séjour à la

montagne » que je vous invite à visualiser ! 

 

Mon enfant lit lentement et ne comprend pas ce qu’il lit : pourquoi ?

Comment un enfant apprend-il à lire vite ?

Combien de temps faut-il pour lire vite ?

A-t-ton besoin de lire plus vite ?

Si mon enfant lit lentement, est-ce un signe de dyslexie ?

LE COURS DES DEBUTANTS

 

Comme pour apprendre à faire du ski, l’apprentissage de la lecture nécessite un guide et se fait par étapes.

Au ski, quelle est la première étape ?

Apprendre les mouvements de base !

Skis parallèles, jambes fléchies, planté de bâtons…

Pour la lecture, c’est PAREIL ! Un enfant doit commencer par apprendre les bases.

Il apprend d’abord à lire les mots son par son (Chapeau = « CH-A-P-O »).

Pour ça, un enfant doit apprendre à :

  • Reconnaitre les lettres avec ses yeux

  • Les prononcer correctement

Quand il voit telle lettre, il doit prononcer tel bruit. Par exemple : la lettre [s] fait le son « sss » ou les deux lettres [c+h] font ensemble « chhhhhh ».

Il apprend à décoder les lettres. C’est la première étape INDISPENSABLE pour bien lire : les bases !

En parallèle dans le cerveau, une nouvelle zone spécialisée dans la lecture va se créer.  C’est « l’aire de la forme visuelle des mots » qui va se construire en collaboration avec la zone du langage spécialisée dans « la prononciation des lettres ».

LES CHUTES NORMALES DE l’APPRENTISSAGE

 

« Sa lecture est lente…  Parce qu’il est concentré pour lire correctement »

Quand on commence à skier,

On est concentré sur chaque mouvement pour ne pas tomber. Un enfant qui commence à lire, se concentre pour bien lire chaque lettre pour ne pas faire d’erreur. Le cerveau fournit beaucoup d’efforts pour les reconnaitre et ne pas se tromper. Il est donc normal au début que sa lecture soit lente, hésitante et saccadée.

Les erreurs seront inévitables et heureusement !

Les erreurs sont NORMALES et font parties de l’apprentissage. C’est grâce à elles que le cerveau va faire plus attention. Par exemple, il va se rendre compte que certaines lettres se ressemblent « p/d/b/q » et qu’il devra être vigilant pour ne pas les confondre.

 Quand ils apprennent à lire, les enfants confondent certaines lettres parce que dans le cerveau, la zone de la « reconnaissance des lettres » est en train de se construire.

Vous souhaitez en savoir plus sur les confusions ? Découvrez l'article de Logopouce à ce sujet :  Pourquoi mon enfant confond les lettres quand il lit et écrit ?

 

LES PREMIERES PISTES

 

Comme au ski, apprendre les mouvements de base c’est bien mais après on fait quoi ?

Il faut les enchaîner pour SKIER tout simplement !

Une fois que l’enfant maitrise le décodage des lettres, il va devoir se lancer et enchainer la lecture de ces lettres pour lire des mots entiers.

Pourquoi lire plus vite ?

Grâce à une lecture plus rapide des lettres, les mots seront plus vite reconnus. Et un mot plus vite reconnu aura plus de chance d’être compris !

Pourquoi ? Essayez de lire :

« jé peur du mé ca i é de vant lé cole en tom ban. Mé za mi mon édè et lé on ra ma ssé »

Voilà comment lit un enfant qui est encore concentré sur le décodage des lettres ! Vous comprenez peut-être mieux pourquoi c’est difficile pour lui de comprendre le sens de ce qu’il lit. Pour y arriver, la lecture doit devenir automatique.

Si votre enfant continue de lire son par son, sa mémoire sera rapidement saturée car elle ne peut pas retenir autant d’informations qui n’ont pas de sens pour elle. C’est comme si vous deviez lire pleins de mots à la suite que vous ne connaissiez pas et de résumer l’histoire ensuite, impossible !

Un enfant doit apprendre à automatiser la lecture des lettres pour mieux comprendre les mots et les retenir !

Comment y arriver ?

Petit à petit…

Au ski, c’est grâce à la pratique que les mouvements de base vont devenir de plus en plus automatiques. Comme en lecture, c’est à force de voir certaines lettres qui reviennent souvent, qu’un enfant va pouvoir les lire plus vite.

Le cerveau va petit à petit  agrandir sa zone de la « reconnaissance des lettres » et se spécialiser pour « reconnaitre les syllabes et les mots ». Et cette nouvelle zone va enfin pouvoir collaborer avec la zone du langage qui existe déjà pour permettre de comprendre ce que l’on lit !

OK pour lire plus vite, mais ATTENTION pas n’importe comment !

LE BON MATERIEL

 

« Assurez-vous que la vue soit bonne »

Au ski, avant de se lancer à toute vitesse sur une piste, il faut s’assurer d’avoir du bon matériel. Pour lire vite, c’est la même chose !

MATERIEL 1 : LES YEUX

Pour bien lire, il faut bien voir et ça parait assez logique ! Peut-être que vous avez déjà effectué un test chez l’ophtalmologue qui ne signale pas de difficulté. Mais quand on lit, l’œil utilise aussi des muscles spécialisés qui ne sont pas toujours opérationnels. Et le spécialiste pour ça, c’est l’orthoptiste, c’est le kiné des yeux !

MATERIEL 2 : LE VOCABULAIRE

« Grâce à son vocabulaire, il va pouvoir anticiper la lecture de certains mots en devinant la suite »

Un enfant qui apprend à lire les mots, fait des liens entre ce qu’il lit et ce qu’il connait. Si son vocabulaire est riche, ce lien pourra se faire plus facilement. Au contraire, si le vocabulaire est faible, le mot lu ne renvoie à rien de connu et la lecture met forcément plus de temps. Par exemple, si un enfant lit « élé… » il va pouvoir anticiper en disant « éléphant » sans avoir forcément besoin de lire la suite contrairement à un enfant qui ne connait pas le mot. Il sera plus efficace et plus rapide dans sa lecture !

Le saviez-vous ? Le niveau de vocabulaire s’avère être le meilleur prédicteur de la réussite scolaire (Lieury, 1991 ; Anderson & Freebody, 1979 ; Déro & Fenouillet, 2014). Des études ont d’ailleurs montré qu’un enfant à qui on a fait la lecture plus jeune  a 5 à 6 fois plus de vocabulaire à l’entrée en CP qu’un enfant qui n’en a pas bénéficié.  Cela ne veut pas dire qu’ils seront forcément meilleurs en lecture mais ils auront le bon matériel dès le début pour progresser plus sereinement !

L’ENTRAINEMENT

 

« Plus votre enfant lira, plus sa lecture sera précise et lui permettra de reconnaitre rapidement les mots »

Au ski, plus on s’entraine et plus on accélère avec confiance dans ses mouvements. Comme en lecture, c’est à force de s’entrainer qu’un enfant lira plus vite.

A force de lire les mots, le cerveau fait des statistiques des groupes de lettres qui reviennent souvent et va les mémoriser. Par exemple -ette à la fin des mots comme (lunette, chaussette , brouette). C’est grâce à une exposition fréquente de la lecture, qu’il va apprendre les régularités de la langue et va les transférer aux mots nouveaux (maisonnette, poussette).

 Et petit à petit,  il va mémoriser les mots dans leur ensemble. C’est comme emprunter plusieurs fois, la même piste au ski : à force on s’habitue et on mémorise le paysage !

Plus votre enfant lira les mêmes mots régulièrement, plus il les reconnaitra rapidement. La lecture sera donc plus rapide et moins FATIGANTE. Et il pourra enfin se concentrer sur le SENS des mots ! C’est la récompense de ses efforts !

Mais attention ! L’entrainement doit être prudent !

On ne va pas directement emmener un débutant sur une piste noire au ski dès le début. Et bien pour un enfant qui apprend, c’est pareil. On ne va pas le chronométrer sans préparation alors qu’il fait encore beaucoup d’erreurs ! Quand on n’est pas à l’aise, lire vite équivaut à se précipiter.

« Si un enfant confond les lettres, ou les inverse, qu’il transforme les mots est-ce prudent de lire vite ? »

Si un enfant confond encore certaines lettres, qu’il n’est pas encore bien précis dans sa lecture, il ne va pas pouvoir accélérer tout de suite. Il risque de faire encore plus d’erreurs et ne pas se concentrer sur l’essentiel : la précision.

« C’est aussi grâce à la précision qu’il gagnera en vitesse de lecture »

Plus un enfant sera précis grâce à l’entrainement, plus il gagnera en vitesse de lecture.

L’IMPORTANCE DE L’ACCOMPAGNEMENT

 

« C’est aussi grâce à une présence rassurante qu’il se montrera rapide »

Est-ce une bonne idée de laisser un skieur débutant en haut d’une piste et de l’attendre en bas ? Est-ce prudent de le laisser seul pour voir « comment il se débrouille » ?

Bien sûr que non, c’est dangereux pour les autres mais avant tout pour lui ! Il risque de chuter à plusieurs reprises sans personne pour le relever. Il risque d’être dégouté, de se sentir nul et de ne plus avoir envie de recommencer l’expérience, c’est normal !

 Un enfant qui apprend à lire, se retrouve vite à devoir lire TOUT SEUL des mots et petits textes … Mais on l’a vu, au début, ils sont trop concentrés sur le fait de bien lire les mots mais pas sur le fait de les comprendre. Ils ont besoin qu’on leur explique le sens des mots et qu’on les accompagne pour s’entrainer de manière efficace !

Surtout qu’un enfant qui a des difficultés pour lire risque de se décourager rapidement s’il ne se sent pas assez soutenu. Il ne verra pas l’intérêt de continuer « à se faire mal ».

De plus, on a vu que le vocabulaire était important pour bien progresser. Grâce à la lecture, les enfants apprennent de nombreux mots. Mais pour un enfant qui a du mal à lire, il ne pourra pas facilement accéder à ces nouveaux mots. Il a besoin qu’on lise avec lui au début pour mieux comprendre les mots et plus tard les lire rapidement tout seul.

Un enfant a besoin qu’on l’accompagne dans sa lecture pour progresser petit à petit. 
 

L’IMPORTANCE DE LA MOTIVATION

 

« Pour s’entrainer il faut avoir envie et être motivé »

Pour tout apprentissage, si on n’est pas motivé ou si on ne comprend pas pourquoi on apprend, on aura du mal à s’investir. La progression sera plus difficile et plus lente.

Il est important qu’un enfant se sente en confiance et valorisé dans ses efforts pour avoir envie de s’entrainer.

Il sera important de revoir régulièrement la progression pour ne pas le mettre en difficulté. Le mettre en situation de réussite et surtout garder le plaisir de lire !

L’IMPORTANCE DE LA CONFIANCE

 

Au début, la lecture à voix haute par votre enfant est importante pour l’aider à bien lire et à lui signaler ses erreurs. Grâce à vos conseils, il pourra apprendre à faire attention et à mémoriser les bons mouvements.

« On lit plus vite dans notre tête »

Quand il se sent suffisamment à l’aise, laissez-lui la possibilité de lire dans sa tête.

VERS L’AUTONOMIE : FLUIDITE OU VITESSE DE LECTURE ?

 

« Un enfant peut enfin se consacrer à la compréhension parce qu’il lit avec aisance »

Alors comme au ski finalement, est-ce qu’on cherche à lire vite ou à être à l’aise ?

Être à l’aise ! C’est gagner une certaine fluidité de lecture où les mots sont lus correctement à un rythme et un ton adaptés pour bien comprendre. Ce n’est donc pas qu’une question de vitesse ni de temps de lecture, c’est une question de fluence. La fluence comprend :

  1. La précision de lecture : lire les mots correctement et sans effort. Le décodage des lettres doit donc être automatisée

  2. Une vitesse adaptée : ni trop rapide, ni trop lente

  3. Un ton approprié : la lecture doit être expressive

Le tout permet de centrer son attention sur le plus important : la COMPREHENSION !

La fluence est intimement liée à la compréhension et doit être encouragée !

PAS DE PROGRES : DYSLEXIE ?

 

Une lecture lente et laborieuse qui perdure peut-être un signe d’une difficulté à identifier les mots écrits propre aux dyslexies.

Si vous souhaitez en savoir plus sur la dyslexie, je vous invite à consulter  l'article de Logopouce dédié à ce trouble des apprentissages. 

Vous souhaitez en savoir plus sur la dyslexie ? Découvrez notre article : 

Mon enfant a des difficultés pour lire : est-ce une dyslexie ?

 

Logopouce accompagne les parents sur les routes du langage de leurs enfants à travers des conseils simples, concrets et ludiques.